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Régime de neutre : comprendre les schémas TT, TN et IT
Les grands schémas : TT, TN et IT
La norme internationale CEI 60364 distingue trois familles, identifiées par deux lettres :
Le schéma TT
La première lettre (T) indique que le point neutre est directement mis à la terre côté transformateur. La seconde (T) signale que les masses de l’installation sont, elles aussi, connectées à une prise de terre indépendante. Concrètement, le neutre du réseau et la terre domestique ne sont pas reliés entre eux. Avantages : simplicité, coût réduit, diagnostic rapide. Inconvénient majeur : le courant de défaut s’écoule mal ; il faut donc installer un dispositif différentiel 30 mA en tête de chaque circuit pour garantir la protection des personnes.
Le schéma TN
Ici encore, le neutre est à la terre côté source (T), mais les masses de l’installation sont reliées au conducteur de protection issu de ce neutre (N). On distingue :
- TN-S : neutre (N) et protection (PE) séparés sur toute la longueur ;
- TN-C : un seul conducteur PEN assure à la fois neutre et protection – solution économique mais interdite en locaux d’habitation neufs en France ;
- TN-C-S : mixte ; on part en PEN puis on sépare N et PE en aval du tableau principal.
Le régime TN permet des courants de défaut plus élevés ; un disjoncteur magnéto-thermique calibre la coupure. Le différentiel 30 mA reste recommandé mais n’est plus l’unique rempart.
Le schéma IT
Dans un schéma IT, le point neutre est isolé de la terre ou connecté par une impédance élevée ; les masses, elles, sont reliées à une prise de terre locale. Premier défaut ? Seulement quelques milliampères fuient : l’installation continue à fonctionner. Un dispositif de surveillance d’isolement (DSI) déclenche l’alarme ; le service technique a le temps de localiser la fuite avant qu’un second défaut, plus dangereux, ne survienne. Ce régime est plébiscité dans les hôpitaux, l’industrie chimique ou les salles de spectacle, où la continuité d’alimentation prime.
Choisir le régime adapté à son environnement
Maison individuelle ou petit tertiaire
En France, le TT est quasi systématique pour le résidentiel : un piquet ou un conducteur cuivre enterré sert de prise de terre, et l’on place un interrupteur différentiel 30 mA en tête puis un différentiel 30 mA pour chaque rangée. Cette architecture assure une protection efficace sans complexité inutile.
Atelier, PME, entrepôt
Dès que les équipements affichent une forte puissance (machines-outils, compresseurs) et qu’un arrêt intempestif coûte cher, le TN-S monte en puissance. Le conducteur PE suit tout le long des chemins de câble, garantissant de faibles impédances de boucle et un déclenchement rapide. Le différentiel général peut alors être calibré à 300 mA pour éviter les coupures liées aux courants de fuite cumulés.
Sites à continuité critique
Salles d’opération, data centers, process chimiques : la moindre coupure est synonyme de danger ou de pertes financières massives. Le IT répond à ce besoin : le premier défaut n’interrompt pas la production. Un détecteur d’isolement permanent alerte l’équipe maintenance ; la réparation se fait à chaud. Ce régime réclame une formation spécifique et un réseau de terre maillé pour limiter les tensions de contact.
Mise en œuvre, contrôle et maintenance
Mesure de la résistance de terre
Quel que soit le régime, la prise de terre doit présenter une résistance suffisamment basse. La règle d’or : R ≤ 50 V / Idiff. Avec un différentiel 30 mA, cela donne 1 000 Ω théoriques ; la pratique recommande plutôt 100 Ω max en TT. Sur un réseau TN, on calcule la boucle de défaut (Zs) pour garantir l’ouverture du disjoncteur en 0,4 s. Les pinces telluriques ou les terramètres à piquets simplifient ces mesures.
Essais périodiques des dispositifs
Un interrupteur différentiel se teste tous les six mois ; le bouton « T » simule un défaut. Dans un régime IT, le contrôleur d’isolement se vérifie à l’aide d’une résistance étalon. Les entreprises consignent ces essais dans un carnet de maintenance ; un simple tableur partagé suffit souvent, à condition de noter la date, le résultat et l’identité du contrôleur.
Conclusion : sécurité, conformité et conseils pratiques
Choisir le bon régime de neutre ne se résume pas à cocher une case dans la norme. C’est la pierre angulaire d’une installation sûre, évolutive et économiquement pertinente. Résidentiel ? Le TT rassure les occupants et simplifie le diagnostic. Atelier ou commerce ? Le TN-S limite les coupures intempestives. Site critique ? L’IT maintient les machines en route tout en signalant la moindre fuite.
Avant de valider un schéma, posez-vous trois questions simples : quel est le niveau de risque humain ? Quel est le coût d’un arrêt ? Quelle est l’expertise disponible sur place ? Les réponses orienteront naturellement vers le régime le plus cohérent.
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